Textes du dictionnaire des sentiments écrits en français avec Madame Lavit.
Projet qui s’inscrit dans une collaboration avec la compagnie François Verret.
A
Affliction
Cause une douleur profonde qui reste longtemps en nous. La tristesse nous envahit, le chagrin s’installe avec la souffrance. Abattement à la suite d’un grave revers. Un accablement accompagné d’un abattement de l’esprit. Peine du corps et de l’esprit.
Le cœur serré, l’envie de rien. Détresse suite à un évènement malheureux. Seul le temps et l’apaisement amortissent les afflictions.
Le modèle : Sa mort nous plonge dans l’affliction.
Le contraire : Le réconfort, la joie, le ravissement.
Ahurissement
Hébété, l’air abruti, étonné au point d’en avoir l’air stupide : bouché bée, yeux écarquillés, bras ballants. On est figé sur place comme si le temps s’était arrêté. On est ahuri quand il arrive quelque chose de tellement extraordinaire qu’il faut du temps pour que ça monte au cerveau. Si on est face à quelque chose de fantastique, surnaturel, on est ahuri.
Le modèle : Il fut ahuri quand il reçut son cadeau.
Angoisse
C’est avoir un nœud dans le ventre. Comme la peur avant une compétition ou un spectacle. Une chose désagréable en soi que l’on ne veut pas et qui fait mal. Mais ça c’est une angoisse légère. Une grosse angoisse, c’est douloureux. C’est désagréable comme le rejet et l’abandon. C’est l’appréhension de ne pas savoir où l’on va arriver et comment on va être accueilli. C’est comme quand un migrant part en mer sur une embarcation dangereuse. Quand on a des sueurs froides dans la peur d’un cauchemar. C’est aussi quand on doit laisser une personne sans savoir si on va la revoir un jour. Comme si on doit laisser sa famille pour partir à cause de problèmes financiers. Ne pas savoir si l’on pourra un jour les revoir et les serrer dans ses bras. Ceci peut aussi provoquer de la tristesse.
D
Désespoir
Nom commun exprimant le mal-être d’un individu de tout sexe, toute origine et toute nationalité.
Fait de se sentir seul, sans aide ni sentiment.
Fait de tomber dans un trou sans fond, qui a l’air si profond que l’on a l’impression de ne pas pouvoir en remonter ni même d’en voir la surface ou la lumière du jour.
Être prêt inconsciemment, à littéralement tout pour sortir de ce gouffre allant même jusqu’à s’écorcher les mains et les genoux pour s’en échapper.
Oui, s’échapper d’un affreux sentiment de solitude et de peur à la fois.
Un tourbillon de sentiments plus violents les uns que les autres et à la fois une absence de sensations.
Être prêt à tout pour ressentir à nouveau quelque chose, qu’importent les souffrances physiques ou morales.
Se faire du mal pour se sentir vivre de plus belle, pour briser cette routine accablante.
En général cela sert à envoyer un signal de détresse très souvent mal perçu par le monde extérieur.
Cela peut être aussi une sensation d’enfermement, comme dans une pièce plongée dans le noir et l’incertitude.
***
Ça enlève tout envie de continuer. Ça finit par provoquer un échec continuel. Un sentiment de misère. L’amertume. Un fort découragement. Le mur infranchissable qui te repousse. La tempête sur la mer. La sècheresse. L’extrême pauvreté. Quand on t’enlève tout ce que tu as et que tu ne peux rien faire. Tout espoir te quitte et tu te sens seul et impuissant. Quand tu dois payer le loyer et tu n’as pas d’argent. Une situation incontrôlable. Un sentiment d’impuissance. Le contrôle que tu n’as pas révisé. La voiture qui tombe en panne au milieu de nulle part et il n’y a pas de réseau alors tu attends que quelqu’un passe pour te récupérer, mais il n’y a personne. Le bateau qui se remplit d’eau. La fin des provisions. Le tir des fusils et les alarmes qui se déclenchent.
***
Envie de baisser les bras, d’arrêter de se battre ; ne plus avoir la force de continuer ; un sentiment de tristesse mélangé à de la mélancolie. L’extrême pauvreté. Quand tous tes efforts sont vains, ne servent à rien. Être désespéré, ne plus savoir que faire ou bien dire. Une aventure terminée. La tristesse. Quand tout espoir est perdu, quand tout ce que tu fais ne mène à rien.
Désolation
Affliction extrême, peine extrême.
C’est une épreuve qui forge le caractère mais qui cause une profonde douleur. Le petit monde s’effondre. Une profonde douleur morale se crée. État de l’âme qui tombe dans un découragement profond. Une vexation des membres, du corps. Profond sentiment d’insatisfaction. Supplice, chose désagréable. Être en deuil constant. Énorme souffrance, impossible à endurer. Se refermer sur soi-même, comme dans un cocon où personne ne peut entrer. Une période de joie interrompue avec violence.
Détresse
C’est trembler de peur. C’est ressentir de l’angoisse, une grande peine d’esprit, de cœur, causée par une situation désespérée. Ou par le danger imminent ou une pression excessive de difficultés, de circonstances douloureuses, dramatiques. Ou de conditions de misère extrêmes. C’est comme être en face d’un destin désagréable. On se sent mal. Sans pouvoir partir. Sans avoir d’issue à ce problème. On fait des choses par « réflexe ». Sans comprendre comment gérer ce sentiment. C’est quand on n’a plus de solution à notre problème. Qu’on est bloqué, paralysé par ce sentiment inévitable. On peut ressentir un sentiment d’impuissance, d’incompréhension. On a peur. On pleure et crie de chagrin. On perd nos moyens. Être dans la détresse peut être un sentiment partageable, d’empathie.
Le modèle : Je ressens de la tristesse et de la détresse, en voyant toutes ces personnes malheureuses qui doivent dormir dehors.
Il a été envahi par un sentiment de détresse après que son bateau a coulé, il ressentit le dénuement, la souffrance face à cette situation périlleuse.
Le contraire : Allégresse.
***
C’est un malaise permanent , toujours dans notre tête, une impossibilité d’oublier tant que le problème n’est pas réglé.
Elle crée en nous un stress horrible, presque une angoisse, c’est intérieur, un sentiment d’incompréhension, on se sent perdu. On ne prend pas un seul instant pour se poser intérieurement, on a besoin d’aide. Une personne en détresse n’a plus ses repères, elle ne sait aucunement comment elle pourrait se sortir de la situation qui la bloque, des frissons la traverse, son corps se pétrifie et ses idées se mélangent. Elle n’arrive plus à gérer le déroulé des évènements. Dans sa tête, tout se passe beaucoup trop vite.
Le modèle : Cet homme a quitté son pays à cause de la guerre, il lui faut rapidement des papiers sinon il y sera renvoyé, il est en détresse .
Le contraire : Allégresse .
Deuil
Faire le deuil, revenir de l’enterrement le visage triste, habillé en noir mais avec un soupçon de joie au fond de soi. Il peut durer éternellement ou quelques secondes. Renoncer à quelque chose, changer. Des gouttes d’eau salée ruissèlent sur notre joue, le goût amer de la mort se fait sentir.
Le modèle : porter le deuil de sa femme
Dysphorie
Âme brisée
Une descente soudaine plus bas que terre. L’impression de ne plus avoir de but ni de rêve. Être enfermé dans son mal-être. La vie n’a plus de sens et plus assez de bon sens pour vivre.
Le modèle : Son corps se dégrade et il le hait ; ça le rend dysphorique.
Le contraire : Euphorie
H
Hébètement
Âne hébété
Engourdissement des facultés intellectuelles sans modification des perceptions sensorielles.
État d’abrutissement intellectuel total à la suite d’un choc émotif ou en rapport avec une confusion.
Arrêt de la conscience pour laisser place à ce que le corps ne soit contrôlé par rien.
Aveuglement face à la vie. Habitude à suivre. Automatisme du corps répété. Cerveau en off.
Caractère machinal d’un acte exécuté sans la participation directe de la volonté ou l’intelligence.
Absence de discernement, de sens critique chez une personne ou dans son comportement.
Sentiment d’être vide. Ne rien ressentir, comme être inconscient.
Le modèle : Des têtes havres gardant l’hébètement des premiers mal secouées.
Le contraire Ébauche.
I
Indifférence
Il y a plusieurs sortes d’indifférence. Aucune sensibilité. Tous les mêmes. Une personne obnubilée par son ordinateur. Ne pas regarder autour de soi. Ne s’occuper que de soi. Pas de sentiments, pas d’émotions. Marcher dans la rue, tête haute, droit, le cœur lourd sans s’en rendre compte, sans même un regard pour le mendiant au coin de la rue. Se croire au-dessus de tous. Toujours sans aucune émotion, aucun sentiment.
Le modèle : Il avance sur le trottoir avec une certaine indifférence pour ceux qui l’entourent.
Le contraire : sensibilité
M
Mépris
L’air grave, ne regarde pas les autres, dans un autre monde, ne regarde que le bout de son nez. Se croire supérieur aux autres, être le chef, ne penser qu’à soi, garder la tête haute, regarder de haut, être hautain.
Le modèle : Empli de mépris, il dit à son petit frère qu’il est nul.
Le contraire : Attentionné
N
Nostalgie
Être mélancolique. Ressentir la tristesse après une migration. Perdre ou laisser de la famille ou des amis. Être plein de chagrin après le départ ou le décès d’une personne. Avoir le spleen. Être en détresse après un accident, un problème.
Le modèle : Il a repensé à sa famille avec nostalgie
Le contraire : Gaité
P
Peur
C´est un grand mot. C´est comme la mort, on ne sait pas où cela va nous emmener. La goutte de sueur sur le front, le nœud dans le ventre, la gorge nouée, les jambes qui tremblent. L´image du jour où tu as fait ta première bêtise et où tu as été grondé pour la première fois et tu sais très bien que les conséquences seront beaucoup plus graves cette fois-ci. On a envie de pouvoir se téléporter, de disparaitre à ce moment précis. Et au moment où tu vois ta plus grande crainte, ta plus grande phobie, tu as juste envie de : t’enfuir, courir, disparaitre, crier, sauter, hurler, pleurer et te dire que c´était un rêve. Puis il y a ce moment tant attendu, excitant, passionnant mais comme cela est inconnu pour toi tu as une petite peur qui grandit en toi et qui t´envahit totalement au moment de l’évènement. Il y a une boule au ventre qui nait et qui angoisse ton impatience. Et puis il y a la chair de poule, le souffle coupé, le stress et les muscles qui se contractent.
***
Un monstre sous mon lit.
La frayeur c’est une petite chose, si petite que ça peut nous faire sursauter à tout moment et à toute heure. Dans ces moments, quand la panique nous prend, il est très dur de se sortir ce sentiment de la tête. Mais quand l’angoisse surgit, on est comme paralysé, on a froid, les frissons qui remontent à la surface et le pire c’est la boule au ventre. La peur peut être provoquée par l’imaginaire, tu sais, la nuit, quand tu entends le parquet grincer et que tu supposes que c’est un revenant, un esprit ou même ton chat qui fait les cent pas.
Le modèle : Il passa la porte et vit un homme avec un couteau, il eut très peur.
Le contraire : La joie.
R
Rage
Essayer de faire quelque chose, ne pas y arriver.
La rage de devoir se lever le matin, pour voir des personnes qui n’en valent pas toujours la peine.
La rage parce qu’on nous engueule, parce qu’on reste dans les couloirs alors que d’autres rêvent d’un abri.
Ça fout la rage quand on a l’impression de tout donner pour, au final, ne pas réussir… Ou de voir des gens mourir de froid dans la rue tandis que d’autres ne savent plus quoi faire de leur argent.
C’est rageant de ne pas pouvoir changer le monde que l’on soit adulte, président ou simple écolier alors que beaucoup de gens pensent quasiment la même chose.
Le modèle : Il faut parfois avoir la rage pour avoir le sentiment d’exister dans ce monde dur et injuste.
Le contraire : insouciance, être toujours positif et «calme»
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La rage est une envie incontrôlable de faire mal, de frapper, une envie de vengeance, de sauter sur la personne ou l’objet qui vous enrage et de le détruire, de l’écrabouiller, de le déchirer de la façon la plus cruelle possible.
Pour enrager quelqu’un il faut peu de chose, se moquer de ses problèmes, de son apparence physique ou de lui verser dessus tous ses défauts et lui dire qu’il n’est rien ou de s’attaquer à quelqu’un à qui il tient.
Vous sentez un nœud dans la gorge, vous perdez le contrôle, vous avez des larmes aux yeux et si vous n’arrivez pas à satisfaire votre rage, elle laissera place à une envie de vengeance aveugle.
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On se sent abandonné et laissé à soi-même, c’est comme se renfermer chez soi pour ne plus voir personne, tant on a peur de la réalité. C’est comme un mélange de colère et de tristesse. Comme au sport où tu fais des efforts et que tout le monde te regarde et ne fait rien, là tu inverses les rôles, il n’y a pas de résultats. Parce que ce sont les fils d’un tel, c’est toi qui prends à chaque fois.
C’est quand tu vois les adolescents d’aujourd’hui qui sont tous sur leurs écrans et tu leur demandes ce qu’ils veulent faire plus tard, ils te répondent « gamer ».
T
Tristesse
La tristesse est le contraire du bonheur. On peut ressentir de la solitude, du chagrin. On se sent désemparé, attristé. On a le goût à rien, l’impression d’être seul au monde. On s’en veut énormément. On ne veut plus parler à personne. La tristesse est un état d’incapacité à montrer de la gaité. On le voit avec les traits du visage affaiblis, affaissés, sans éclat de joie, sans expression.
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La tristesse est un sentiment de désespoir, qui peut être accompagné de pleurs, de frissons. Ce sentiment vient quand nous perdons un être cher, ou une relation, de la perte d’un objet auquel nous tenons. Ce sentiment nous donne un mal-être en soi.
Auteurs :
BARTHELEMY Ambre
BAUDOIN Naomie
BENISSAD Younes
BERLY Guillaume
BOUCHOUI Oussama
CARLUY Thomas
CUFFY Clément
CUVILLIER Célestine
DEBUS Clémence
FABRE Clémence
FERON Loup
LAVOCAT Samuel
MATHIEU Élisa
MEJEAN Marie
MICHEL Ambre
MISSAN EIisa
MONTEL Maïlys
PILATTE Luka
PRADEILLES Romane
PROVIS Noah
ROUSSEAU Raoul
ROUSTAND Hanna
VIELFAURE Enzo